Lors de la dernière Emission Politique sur France 2, Edouard Philippe a dit : « Si on veut cesser les émissions de gaz à effet de serre, il faut décarboner l’économie. Ça se traduit par une fiscalité qui est très impopulaire sur le diesel et sur l’essence. Nous l’avons fait. »
En gros, la taxe sur le diesel est progressivement relevée afin d’aligner, au bout du compte, le prix de ce carburant sur celui de l’essence. Bizarrement, le premier ministre utilise cet argument pour défendre le bilan climatique des petits pas de son ministre de l’écologie, Nicolas Hulot.
Les analyses du cycle de vie (construction et recyclage des véhicules, production et consommation des carburants – voir ce document page 35) montrent que les émissions de CO2 sont à peu près équivalentes pour les véhicules diesel et essence. Faire disparaître les voitures diesel au profit des voitures essence est une bonne chose pour la santé des habitants des villes, mais cela ne réduit en rien les émissions de gaz à effet de serre.
Ce petit pas là n’est pas climatique.
Pour qu’il le devienne, une fois les prix mis au même niveau, le gouvernement va devoir continuer à augmenter fortement les taxes sur les carburants afin de rendre désirables par les automobilistes toutes les économies possibles : véhicules plus légers, moins puissants, moins gourmands, moins rapides et, quand c’est possible, déplacements alternatifs (trains, métros, tram, bus, vélo, pieds). Ceci vaut également pour les transports de marchandises.
Cela me fait penser à une autre mesure impopulaire du gouvernement : la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. Elle a été prise pour améliorer la sécurité routière. A aucun moment le gouvernement n’a mis en avant son impact sur le changement climatique. Pourtant l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) a calculé que cette mesure réduirait de 1 300 000 tonnes nos émissions de CO2. Ce n’est pas rien.
Voilà un petit pas climatique … mais qui marche en silence.
Pour que la bataille pour la préservation du climat s’engage enfin, les mesures impopulaires doivent se multiplier dans de nombreux domaines (transport, habitat, consommation). Mais pour qu’une mesure impopulaire soit acceptée, il faut qu’elle soit expliquée. Le silence n’y aide pas.
Si le Premier ministre avait été chargé du climat lors du dernier remaniement ministériel, comme je l’ai proposé dans mon billet précédent, je pense qu’il n’aurait pas fait ces erreurs de communication.
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Votre argument sur les économies d’énergie dues aux 80kmh est le meilleur, sans parler de la réduction de l’impact sonore, ce qui est très net.
Bizarrement, nos dirigeants n’utilisent pas les bons arguments.
Tiens, prenez le glyphosate. Les antis et les autorités argumentent que le glyphosate est « cancérigène probable ». Mais là, on s’en fout. Le bon argument serait de signaler que ce glyphosate est un « ..icide », c’est à dire qu’il s’oppose à la vie. L’effet produit sur le terrain traité est un cataclysme pour la microfaune, pour tous les insectes, les petits mammifères, les vers de terre, bref, tout ce qui vit ! La terre est complètement tuée.
Mais dire que c’est un cancérigène « possible » ou « probable », ça ne touche que le gars qui l’épand et les habitants voisins. Ce n’est pas là non plus, le bon argument.
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