« Changeons le système, pas le climat ». C’est en 2013 que j’ai découvert ce mot d’ordre. J’étais à Bayonne pour le premier Alternatiba, le village des alternatives au changement climatique. Je l’ai vu peu à peu prendre de l’importance. Puis sont apparus les slogans « Justice climatique » et « Justice sociale et climatique ». A Paris, lors des réunions de la Coalition Climat 21 auxquelles j’ai participé, puis à Limoges, lors des villages Alternatiba de 2015 et 2017, c’était flagrant, il était beaucoup plus question de changer le système que de lutter contre le changement climatique. Même chose pour les Marches pour le climat à Limoges. Cet ordre des priorités me pose problème.

Changer le système ?
Je suis d’accord. C’est nécessaire.
Les inégalités à l’intérieur du pays comme au niveau mondial croissent de façon continue, les grands groupes internationaux sont devenus plus puissants que les Etats, la démocratie est affaiblie et de plus en plus de gens s’en méfient ou la rejettent. La paix est fragile.
Mais quel système changer ? La société de consommation ? La mondialisation ? Le libéralisme ? L’Union Européenne ? La Constitution ? La démocratie ? Et pour le/les remplacer par quoi ? On voit bien qu’il s’agit d’une révolution. Elle va arriver quand ? Ce soir, à la fin de la semaine, dans un an, dans dix ans ? Une fois qu’elle sera là, on met quel système à la place ? Combien de temps faudra-t-il pour qu’un groupe ou une tendance arrive à imposer ses choix ? Ce sera assurément difficile quand on voit que les revendications des gilets jaunes partent dans tous les sens. Durant cette reconstruction de la société, je ne crois pas que l’urgence climatique puisse s’imposer comme une priorité, pas avant de nombreuses années de toute façon.
Pas le Climat !
Ne pas changer le climat, c’est vital.
Le dernier rapport du GIEC, nous le rappelle : si l’on veut laisser après nous un climat vivable avec pas plus de +1,5°C de réchauffement, il nous reste 12 ans pour baisser de moitié ou presque notre consommation d’énergie fossile. Pour limiter le réchauffement à +2°C, on dispose de quelques années de plus. Dans un cas comme dans l’autre, il faut s’y mettre le plus tôt possible. L’effort à faire est énorme. Plus on attend, plus ce sera difficile. Mais si on n’arrive pas à tenir ces objectifs, il faut se dire que tout ce qui sera fait, aujourd’hui ou demain, pour baisser les émissions de gaz à effet de serre fera que le climat futur sera moins pire.
Il n’est pas trop tard, mais on n’a pas le temps d’attendre le changement du système.
Tous ensemble !
Le dérèglement climatique concerne tout le monde. Nous contribuons tous plus ou moins à le renforcer. Nous serons tous plus ou moins impactés à court ou moyen terme. Et sur le long terme, les vies de nos enfants et petits-enfants sont en danger. Il n’y a qu’une méthode pour que ce ne soit pas le cas–: baisser rapidement notre consommation d’énergies fossiles puis y renoncer. Voilà des raisons puissantes et suffisantes pour que l’on trouve tous ensemble un chemin commun vers la nécessaire réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. Quand je dis tous ensemble, je veux dire tous les citoyens quels que soient leur statut social, leurs choix politiques, leurs croyances religieuses ou leurs états d’âme philosophiques.
N’utilisons pas le climat à des fins de stratégie politique ou associative. C’est vrai que le changement climatique pose un problème éminemment politique. Mais c’est surtout un problème moral. Il est sûr que les inévitables mesures de restrictions, pour être acceptées et donc maintenues, doivent être accompagnées socialement. Mais, avec un intérêt commun aussi fort, on peut trouver, on doit trouver, entre les différentes sensibilités de la population, les compromis nécessaires pour agir fortement, rapidement et efficacement pour le climat.
Tous ensemble pour agir efficacement s’applique particulièrement bien dans le cas des Marches pour le Climat puisque là, c’est le nombre de marcheurs qui en fait la force.
Préparons le changement de système si l’on veut mais, sans attendre, unissons-nous pour relever ce défi vital pour tous.
Bonjour Jacques
Oui dans justice sociale et climatique, il y a une juxtaposition qui tend à montrer que les priorités sont du même ordre entre le social et le climat, et, comme on peut l’entendre de la part de certains responsables politiques, « le social et le climat, ce sont les mêmes combats », comme si les solutions pour résoudre un des problèmes permettraient de résoudre l’autre…
Ceci est la signature du fait que la société n a pas encore pris la mesure du problème climatique, ne pas agir maintenant pour le climat risque de générer des injustices bien plus criantes dans le futur. Cette légèreté s’observe aussi dans la fameuse pétition pour attaquer l’état en justice pour inaction climatique.
A bientôt
regis
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Bonjour,
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous dans la mesure où la consommation d’énergie étant fortement corrélée au PIB et donc à la « croissance », la continuité du système tel qu’il existe (recherche de la croissance économique à tout prix, choix d’investir toujours plus dans les infrastructures routières et non dans les mobilités alternatives, mondialisation – production de biens à bas coûts à l’autre bout du monde à des conditions environnementales et sociales inacceptables – etc.) ne peut que contribuer à changer le climat. Ce sont bien les pays les plus riches qui émettent le plus de gaz à effet de serre (rapporté au nombre d’habitants), qui « soutiennent », du fait de leur mode de vie, des activités économiques climaticides. Le système actuel est climaticide.
Bien sûr, il ne faut pas attendre de changer le système pour lutter contre le changement climatique, mais changer le système reste nécessaire si on veut y arriver à grande échelle (il suffit de voir à quel point il semble difficile à nos responsables politiques de prendre les bonnes décisions pour le climat, au regard de la croissance, de la réduction de la dette, de la pression des lobbys…).
Affirmer cela, ce n’est pas utiliser le climat à des fins politiques, c’est poser les bases pour un changement de fond, se battre à la fois maintenant pour lutter contre le changement climatique mais aussi sur le long terme, car « les petits pas, ça ne suffit pas ».
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