Un débat anime actuellement le Collectif Marche pour le Climat 87 (Limoges et Haute-Vienne). Avant (et après) la dernière Marche, la règle demandant de s’abstenir de déployer des slogans, drapeaux, banderoles ou uniformes d’autres organisations a été contestée au nom de la nécessaire convergence des luttes. Elle l’a été par des personnes engagées politiquement et socialement mais que l’on voit rarement aux réunions du Collectif. J’explique ici pourquoi je pense que, concernant les Marches pour le Climat, cette convergence est contreproductive.
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Le dérèglement climatique est l’affaire de tous. Il impactera tout le monde quand ce n’est pas déjà le cas. Un petit nombre de gens en tireront profit pendant un temps. La plupart en souffriront et de plus en plus. Il est donc de l’intérêt général de freiner le réchauffement, fort et vite. C’est un enjeu vital pour ceux de gauche comme pour ceux de droite, pour ceux d’en haut comme pour ceux d’en bas.
C’est la raison pour laquelle je suis membre du Collectif Marche pour le Climat de mon département.
Avec lui, je marche pour encourager les responsables politiques à mettre en œuvre des mesures fortes, parfois contraignantes, pour baisser le plus rapidement possible nos émissions de gaz à effet de serre.
Pour compter en millions, …
Influencer les élus, les amener à réfléchir, voire à changer d’avis, ne peut se faire que s’il y a un grand nombre d’électeurs et de futurs électeurs qui participent à ces Marches. La participation à celles du 28 mars 2021 (40 000 en France selon la police ou 110 000 selon les organisateurs) est très insuffisante. Il faudrait compter en millions pour peser vraiment.

Pour arriver à ce résultat, il faut que chacun trouve sa place dans les Marches, les capitalistes de droite (et de gauche) comme les prolos de gauche (et de droite), les mélanchonistes comme les macronistes ou même les lepenistes, les blancs comme les noirs, les homos comme les hétéros, les croyants comme les incroyants, les acteurs comme les spectateurs. Si, par les soutiens affichés, par les mots d’ordre, par les slogans, on donne une couleur politique ou sociale aux prochaines marches, on écartera de fait ceux qui ne partagent pas ces convictions ou ces luttes avec pour résultat un niveau de mobilisation insuffisant.
L’actuel gouvernement de centre-droit n’en fait pas assez. Il faut l’interpeller, le critiquer, le pousser, l’encourager, lui montrer qu’une partie non négligeable de la population est prête à accepter des mesures fortes et ambitieuses de lutte contre le changement climatique. Aux prochaines élections chacun votera en conscience. Il en résultera peut-être une majorité de centre-gauche ou de gauche (on a l’habitude de l’alternance) ou de droite ou même d’extrême droite (tout peut arriver, même ça). Le nouveau gouvernement devra se confronter à la crise climatique. Il le fera selon son inclination plus ou moins sociale, plus ou moins productiviste, plus ou moins populiste. Et nous devrons à nouveau l’interpeller, le critiquer, le pousser et l’encourager.
… il faut organiser des Marches œcuméniques !
C’est pourquoi mon vœu est d’avoir un Collectif ouvert à tous et des Marches pour le Climat œcuméniques.
Je le dis aux organisations qui mènent des combats légitimes, que je les approuve ou pas, « Déposez vos armes à l’entrée des Marches pour le Climat, reprenez-les à la sortie. Vous n’avez rien à gagner à mélanger les luttes. Par contre, je vous le demande, diffusez sans compter les informations concernant les Marches à venir sur vos réseaux et listes de diffusion. Vos adhérents et vos sympathisants ont, eux, tout à gagner d’une réussite des prochaines Marches pour le Climat. Soutenez le Collectif, apportez lui votre intelligence, vos savoir-faire et vos moyens. Vous aussi avez tout à y gagner. ».
Bien sûr, les Marches ne sont qu’un moyen parmi d’autres pour faire pression sur les élus, les chefs d’entreprises et les citoyens. Il y a les salons, les ateliers, les stands, les messages, les affichages, les conférences, les interventions diverses et variées, les occupations, les blocages, les barrages etc.. Chacun a l’embarras du choix. Cette diversité est nécessaire et heureuse.
Mon propos à moi n’a comme ambition que de conserver tout le pouvoir de mobilisation climatique de notre Collectif.
Le conserver et l’amplifier pour être, demain, des millions dans la rue à exprimer notre demande de mesures ambitieuses, parfois contraignantes mais justes socialement destinées à baisser radicalement nos émissions de gaz à effet de serre.
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Jacques Boulan – 10 juin 2021
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